Annoncée courant novembre, la nouvelle exposition de Futura à Paris se tiendra bien du 13 janvier au 29 février 2012. « Après avoir organisé au printemps 2011 l’exposition Graffiti New York 80’s qui célébrait les débuts historiques du « street art » et les pionniers de cet art aujourd’hui planétaire, la Galerie Jérôme de Noirmont est heureuse de présenter aujourd’hui les nouvelles œuvres d’une des plus grandes figures de ce mouvement qu’elle représente désormais : FUTURA 2000. Dès le début des années 80, cet emblématique pionnier de la scène urbaine joua un rôle déterminant dans le passage du graffiti des murs du métro aux cimaises des galeries. »
Galerie Jérôme de Noirmont – 36-38, avenue de Matignon 75008 Paris
Du 13 janvier au 29 février 2012, FUTURA 2000 nous dévoile ses dernières œuvres : une quinzaine de toiles, toutes réalisées en 2011, sortes de fresques à l’énergie urbaine où l´instinct et la spontanéité prennent le pas sur la théorie, dans la lignée picturale des expressionnistes abstraits de l’École de New York.
« EXPANSIONS… est le sujet de mes œuvres récentes [présentées] à la Galerie Jérôme de Noirmont. Pendant ces trente dernières années, j’ai essayé de définir un style et une technique qui différencieraient mon travail de celui des autres artistes de cet univers qui est le mien. Cette démarche m’a permis d’explorer le domaine de l’Abstrait et du spontané. »
Héritier néophyte de l’« Action Painting » de Pollock et des « colorfields » de Clyfford Still, FUTURA 2000 réactualise ce que le critique d’art Harold Rosenberg écrivait en 1952 : « L’un après l’autre, les peintres américains commencèrent à considérer la toile comme une arène dans laquelle agir, plutôt que comme un espace où reproduire, redessiner, analyser ou exprimer un objet, réel ou imaginaire. Ce qui naissait sur la toile n´était plus une image mais un événement. »
C’est de surcroît sur le sol, comme Jackson Pollock, que les toiles de FUTURA prennent le plus souvent corps. Il peut ainsi appréhender le support dans son ensemble et l’adapter à son « pinceau », la bombe aérosol ; une façon de contrôler l’énergie et l’impulsive créativité qu’il projette sur ses peintures.
Né en 1955, FUTURA 2000 (de son vrai nom Leonard McGurr) commence à peindre dès l’âge de 15 ans dans les tunnels et wagons du métro. Co-fondateur du collectif des S.A. (Soul Artists), il fréquente le milieu de l’underground new-yorkais des années 70 et 80 et fait partie de ces rares artistes qui font évoluer les styles du graffiti en tant que forme artistique.
Aux côtés de Basquiat, Haring, Warhol ou encore Rammellzee, Zephyr et Dondi White, il participe en 1981 à l’exposition déterminante du PS1 Contemporary Art Center, New York/New Wave. Avec eux, il va apporter une légitimité au « graff » en le sortant des espaces underground pour le présenter à un public plus large et plus averti. Ce passage du mur à la toile va mettre en lumière la diversité stylistique et l’hétérogénéité de ce nouveau genre artistique.
Très vite le jeune artiste se distingue des autres « writers » en développant une approche abstraite et picturale du graffiti. Ses abstracts – nom alors donné à ses compositions abstraites – parsèment les lignes 1 et 3 du métro new-yorkais ; dès 1981, il sera le premier à peindre un « whole car » (wagon complet) sans lettrage. Son inspiration, il la trouve également dans le cyberpunk et les films de science-fiction. 2001: L’Odyssée de l’espace sort en 1968, et sera à l’origine de sa signature: Future 2001, qui deviendra FUTURA 2000.
FUTURA détourne l’iconographie classique du graffiti et la réinvente. Son « tag » est d’abord lisible, très éloigné du wild style qui fait rage dans les rues de New York dès la fin des années 70. Mais il disparaît au fur et à mesure derrière ses aplats colorés et ses projections abstraites, pour finalement évoluer lui-même vers une géométrisation des formes.
« L’approche (dans ces nouvelles oeuvres) ne relève pas de la SCIENCE ; ni non plus de la SCIENCE-FICTION. C’est la découverte de limites physiques de TAILLE et d’ECHELLE et des méthodes avec lesquelles un individu peut S’ÉTENDRE… étendre ses horizons ; à la recherche d’une créativité… au nom de la COULEUR et de la COMPOSITION. »
Qu’il s’agisse de grands formats tels que Blues Brothers et Panic Button ou d’œuvres aux dimensions plus intimes comme Rumors, FUTURA joue chaque fois avec nos sens, nos impressions d’inachevé. La couleur semble prendre le dessus sur la ligne, mais ses jets d’aérosol expressifs nous imposent une vision organisée de ces désordres colorés, où engrenages, ellipses, pylônes et formes architecturales ponctuent une palette animée et sensible.
Comme le souligne l’historien d’art Paul Ardenne dans le catalogue de l’exposition, la couleur, souvent intense, ponctue un espace pictural qui n’a pas forcément horreur du vide, où de grandes plages en réserve servent de respiration pour l’œil. (Elle est) envisagée en fonction de ses effets suprasensibles voire métaphysiques ; une volonté d’impact visuel dépassant le simple effet de style et pulsant vers la transcendance.
Ces motifs désormais récurrents dans son travail font écho aussi bien à son inspiration d’images nouvelles – indexées méthodiquement sur son Flickr chaque jour – qu’à son expérience militaire (FUTURA s’engagea dans la Navy au milieu des années 70 et travailla sur un porte-avions) et son goût pour le cyclisme (il fut aussi coursier à vélo). La rue, le challenge, la vitesse ont ainsi donné naissance à une iconographie dynamique devenue aujourd’hui sa signature.
Cette même énergie est toujours visible dans l’ensemble d’œuvres inédites exposées aujourd’hui à la galerie : spontanéité, vitesse, liberté transgressive et énergie sauvage se fondent sur la toile. Les codes de la rue se mêlent à un réalisme abstrait et subliment l’espace.