Cette saison sera peut-être la dernière pour Kobe Bryant. Si ça ne l’est pas, ça sent la fin et il aura fini par dépasser MJ en nombre de points marqués en carrière. On attache une importance particulière au Black Mamba, joueur iconique de la transition entre les années 1990 et 2000. On avait d’ailleurs choisi l’un de ses modèles pour célébrer nos 5 ans. C’est aussi pour cette raison que l’on a voulu s’inviter dans le débat très récent qui cherche à comparer Kobe et Michael. Aidé par Sam (JK4), on vous a concocté un feature à ce sujet.
« Michael Jordan on his worst day is 10 times better than Kobe Bryant on his best day. »
Reggie Miller.
C’est avec ces simples mots que Reggie Miller a voulu clôturer le débat entre les numéros 23 et 24, résumant les 18 années de Kobe à peu de choses. Reggie, le « beautiful loser », leader durant plus d’une décennie des volontaires Pacers, s’est longtemps cassé les dents sur les Bulls de Michael comme ses illustres collègues (Magic, Barkley, Ewing, Drexler, Stockton ou Malone). Mais contrairement aux autres, il a eu la malchance de subir le même sort avec le Black Mamba. Alors Reggie, rageux ?
En 2000, avec Larry « Legend », en costume sur le banc, les Pacers pensaient pourtant qu’ils pourraient aller au bout. Une floppée de joueurs hyper prometteurs (Croshere, Travis Best, Jonathan Bender, Jeff Foster, Al Harrington) entourent le noyau dur de l’équipe (Rik Smits, Mark Jackson, Derrick McKey, Dale Davis et Reggie). Ils sont rejoints par un membre de la Dream Team, Mullin, le coéquipier de Jordan à UNC, Perkins, et un membre du Fab Five, Jalen Rose. Le basketball est une science qui ne laisse pas de place au hasard, et du côté de l’Indiana, on a compris, après des années de disette, qu’il faudrait une équipe de All-Star pour aller chercher le titre suprême.
C’est du solide. La Conférence Est à l’époque était encore respectable. En sortir champion, c’était se voir déjà sur le trône. Mais pas de bol, de l’autre côté du pays, il y avait une autre classe qui avait décidé de faire ses devoirs. Le professeur principal, en place depuis la rentrée, n’était pas un inconnu. Le cheveu argent, l’esprit bloqué dans les 70’s, le Zen Master avait accepté de reprendre du service pour mettre du plomb dans la cervelle d’une équipe talentueuse, jeune… et stupide.
La suite on la connaît, 4-2 pour les Lakers. Un score qui ne reflète pas la réalité de la finale. Les Lakers sont fougueux et Shaq est inarrêtable : 38 points et 16,7 rebonds par match. Kobe, 21 ans, est bien présent. Il en fait baver le vieux Reggie.
Les Lakers doutent aussi très rapidement. Ils viennent d’être poussés à bout par les Blazers (4-3) au tour précédent. Phil Jackson ne panique jamais, mais les sentiments dans la tête de ses joueurs sont plus volatiles. Un seul comprend réellement ce qui l’attend.
Alors que tous les meilleurs joueurs finissent par se brader en fin de carrière pour une place dans une team pouvant prétendre au titre, Kobe ne veut pas de demi-mesure. Il ne veut pas un titre, ni deux. Il veut une dynastie à son image, une histoire pouvant éclipser celle du meilleur joueur ever, Jordan. L’objectif est simple : six titres sinon rien.
Kobe Bryant est né le 23 Août 1978, 4 mois avant moi. Contrairement à moi et à d’autres, il est né basketteur. Son père, Joe « Jelly Bean » Bryant, 2m07, joue à l’aile pour les Sixers de Philly. Joueur de seconde zone, son amour pour le basket l’amène à faire ses valises pour le vieux continent, en 1983, direction l’Italie. A cette époque savait-il que ce qu’il avait de mieux à donner au basket, c’était son fils ?
Malgré un intérêt évident pour le sport roi en Italie, son fils, lui, a accepté son destin. Il a commencé à imiter son père, et réciter le basketball comme on apprend le solfège, jusqu’à l’obsession.
Jugeant insuffisante les leçons de son père, il s’est dit qu’il ne pouvait être le meilleur qu’en apprenant du meilleur. Le problème c’est que le meilleur n’a jamais daigné, jusqu’à présent, donner de cours. Les leçons, il allait falloir les tirer des retransmissions, des highlights, ou encore des légendaires cassettes Pontel©, seul moyen à l’époque de voir un match NBA en intégralité en Europe.
Ces vidéos de Jordan et de ses Jordanaires, beaucoup de gens les ont vues. Beaucoup ont vu les dunks, les fade-aways, les Air Jordans. Kobe a vu la défense incessante, le placement impeccable, le jeu de jambes parfait, l’envie unique. Beaucoup les ont vues et revues. Kobe les as vues, revues et revues. Beaucoup les ont étudiées, Kobe les a analysées, disséquées, digérées. Dans cette discipline, il a finalement été le premier de sa classe… le premier parmi des millions.
Se pose la question de cette envie insatiable. Peut-être s’est-il accroché par une rage originelle qui l’habitait depuis sa naissance ? Peut-être s’est-il accroché à une image paternelle, plus stable, à ses yeux que celle d’un père tout le temps fuyant ? Elève ou fils spirituel ? Mon meilleur pote dit de lui que c’est un copycat.
Un copycat, ce terme qu’on utilise dans les séries pour décrire un tueur en série qui copie les méthodes d’un autre tueur en série. Le terme est péjoratif, il enlève tout génie au copycat, et pourtant basketballistiquement parlant, être comparé à un tueur en série, ça plairait à plus d’un. Encore faut-il avoir l’instinct du tueur, et en plus avoir le talent d’assurer la récidive.
Cet instinct de tueur, on peut se demander où Kobe l’a trouvé. Il est né dans une bulle, protégé du besoin par le niveau de vie confortable de son père, isolé des conflits socio-culturels américains par la distance, isolé des italiens, tel un expatrié, par la langue et la culture. Kobe a rapidement su qu’au pire il serait joueur professionnel de basket. Kobe est né gâté. Enfin…
Jordan est né à Brooklyn, celui d’avant, celui dans lequel les touristes n’allaient pas se balader pour découvrir les brownstones ou admirer la skyline. Pour préserver leurs enfants des tourments du ghetto, James et Deloris Jordan sont descendus dans le sud-sudiste, celui où on demandait aux noirs d’aller boire à la fontaine d’à côté, en Caroline du Nord. L’époque était différente, il faillait choisir entre le moins pire des deux mondes. Les Jordans avaient foi en l’avenir, foi en la fin de la ségrégation raciale. Mais bon, il n’est pas difficile de concevoir que pour les frères et sœurs Jordan, l’adaptation a du être difficile. Michael a longtemps cru qu’il arriverait au mieux à conserver le statut middle class de ses parents. Mais bon, c’était sans compter sur l’envie de ne pas devenir son père.
Jordan a eu la chance de naître dans une famille pleine d’amour. Kobe est né entre un père et une mère en conflit perpétuel.
Jordan s’est construit dans le challenge que lui posaient les membres de sa famille, puis ses coachs au lycée, à l’université. Personne ne l’attendait. Personne ne dépassait le mètre quatre-vingt dans sa famille. Jordan s’est construit dans la persévérance.
Kobe s’est construit dans l’ombre de son père. Tels Danny Manning, Rex Chapman, Mike Bibby, Stephen Curry, Klay Thompson, Glen Rice Jr., Tim Hardaway Jr., Andrew Wiggins, ou Jabari Parker, il est né le basketball dans le sang. Il était hors de question de subir la pression d’égaler le père. Il allait le dépasser. Kobe s’est construit dans l’insolence.
Toute le monde le sait, peu de joueurs se sont ressemblés autant dans le jeu, et ont eu, en plus l’occasion de jouer l’un contre l’autre. Jordan, Kobe, les stats, le jeu, Phil Jackson et Ron Harper, les titres, le parallèle est tout tracé. Si semblables et si différents, on l’a vu dans leurs genèses respectives, mais aussi dans leurs évolutions.
Kobe, prédestiné, a été drafté par les Charlotte Hornets, l’un des club les plus apprécié sur le globe par les fans durant les 90’s, aujourd’hui propriété de Michael Jordan. Ce n’était pas assez bien pour lui, et, fait exceptionnel pour un rookie, il a forcé un échange vers l’une des franchises les plus décorées, les Los Angeles Lakers. À y réfléchir, la Californie c’était un peu plus sexy que la Caroline du Nord. Désiré et chéri par la plus belle, il allait vite se retrouver dans l’ombre d’un colosse, mais libre d’apprendre et de se développer à son rythme.
Jordan a été drafté par les Bulls, club en déroute depuis des années. Ignoré par les Portland Blazers et les Houston Rockets, qui 30 ans plus tard s’en mordent encore les doigts, il s’est retrouvé sur le devant de la scène dès son premier pas en NBA.
Jordan a bataillé 7 années pour arriver en finale. Pour cela il a du balayer toutes les légendes des années 80… Larry Bird et les Celtics, Isiah Thomas et les Bad Boys, et enfin Magic et son showtime.
Kobe est arrivé en finale au bout de 4 ans, mais surtout quelques mois après que les Lakers ont engagé le Père Noël, en la personne de Phil Jackson. À 21 ans, Jordan jouait encore avec les poussins.
Jordan a compris, match après match, que son jeu devait devenir parfait, sur chaque geste, chaque action, l’erreur s’avérant à chaque fois fatale pour ses Bulls.
Kobe a imposé son potentiel aux autres. Toutes les erreurs lui ont été permises et excusées. Avec Shaq en assurance tout risque, le Lake Show n’avait pas grand chose à craindre.
Une fois de plus Jordan a usé de persévérance, alors que Kobe abusait de son insolence.
Les années sont passées, les titres s’accumulant pour Jordan et son lieutenant, Scottie, puis pour Shaq et son lieutenant, Kobe.
Kobe a rongé son frein, mais depuis toujours il voulait devenir Calife à la place du Calife.
Psychologiquement pour lui, comme toujours, ça se résumait à tuer le père. Et dans l’équipe c’était Shaq, le Big Daddy. Durant un temps, il a pensé que les rôles s’inverseraient et que Shaq deviendrait son lieutenant, lui permettant d’aller chercher les 4 ou 5 titres suivants. Mais un général ne redevient jamais un colonel.
Kobe a pris l’initiative d’auto-détruire une équipe, prête à gagner deux titres de plus avec Malone et Payton, afin de s’affranchir et d’assumer seul son destin. Peu de gens ont compris, et la marche à travers le désert a été longue et périlleuse.
Le numéro 8 est devenu le numéro 24. Il a trouvé son lieutenant, et mis deux titres de plus dans son escarcelle.
Alors Kobe ? Jordan ? qui est le meilleur ? Jordan évidemment, et pourtant Kobe a réussi à martyriser le vieux sorcier Jordan, en lui mettant 55 pions un soir de 2003. Ce n’est pas pour rien que Jordan l’a toujours regardé avec respect. Ten times better? You sure Reggie?
Qui est le meilleur ? La vérité c’est qu’on ne le saura jamais. Ils n’ont jamais vraiment été en réelle opposition. Deux époques, deux destins… La vraie question c’est : who’s next? Qui sera le prochain à mettre le monde de la balle orange à ses pieds.
“I’ve missed more than 9000 shots in my career. I’ve lost almost 300 games. 26 times, I’ve been trusted to take the game winning shot and missed. I’ve failed over and over and over again in my life. And that is why I succeed.”
Michael Jordan.
Il y a une chose qui a été simplement parfaite dans la carrière du Black Cat, c’est le fruit de son association avec Phil Knight. Son agent de l’époque a eu du flair : il a demandé un contrat imposant un signature model aux équipementiers intéressés par le jeune rookie. Converse avait misé gros sur le duel Magic-Bird, tout en continuant à sponsoriser le joueur le plus spectaculaire du début des 80’s : Julius Erving. adidas, qui avait fait un premier modèle avec Abdul Jabbar, misait plus sur le collectif. Investir sur des joueurs, surtout sans qu’ils aient fait leurs preuves, ce n’était pas leur crédo. Et puis adidas était la seule marque à jouer sur tous les terrains, et de ce fait la plus sollicitée. Pourtant MJ se rêvait avec 3 bandes…
C’est chez Nike qu’il va finalement signer, en traînant les pieds. La marque au Swoosh n’existe que depuis 12 ans en 1984. Après une poussée sur le marché de la course à pied, la marque a décidé d’étoffer sa gamme basket en lançant l’opération « Air Force 1 », deux ans auparavant. Ils ont alors quelques all-stars de seconde zone dans leur escarcelle : Moses Malone, Jamaal Wilkes, Calvin Natt, Mychal Thompson, Bobby Jones, Michael Cooper. Des très bons, mais pas des inoubliables… Converse domine le game de ce côté.
Nike n’a rien à perdre. Ils ont déjà un pied dans le championnat universitaire de la NCAA avec des programmes comme Georgetown. En 1984, ils lancent d’ailleurs leur seconde opération, avec la Dunk, aux couleurs de plusieurs universités et le slogan Be True To Your School, la meilleure façon d’atteindre les jeunes clients et de créer le buzz.
Ne pouvant pas délaisser le championnat professionnel, Nike mise sur Jordan et accepte les conditions de son agent. Son pro model, il l’aura. Nike crée un dérivé de la Dunk, la flanque d’un logo Air Jordan avec deux ailes, et la décline sous les couleurs des Bulls, une révolution sur les terrains ou les baskets blanches côtoient parfois les baskets noires.
La NBA ne voit pas ça d’un bon œil, et la paire est bannie des parquets. Jordan continue de les porter. En ne respectant pas le code vestimentaire, il se soumet à payer de lourdes amendes à chaque match. Le buzz est parti, les ventes s’envolent, Nike règle la note. Il y aura une Air Jordan 2 !
adidas se console, en refilant un million de dollars à RUN DMC . Le tableau du monde de la basket est dressé pour les 30 années suivantes : NIKE BASKETBALL, NOTHING ELSE!
Adidas, au fond du gouffre, se réorganise, et prépare la riposte. Ils reviennent en NBA en choisissant un jeune joueur assez exotique, tout droit venu de l’ancien Zaïre, Jean-Jacques Dikembe Mutombo Mpolondo Mukamba wa Mutombo dit Dikembe Mutombo. Il est bon, très prometteur, surtout pour quelqu’un qui joue au basket depuis ses 18 ans. Mais ce n’est ni Jordan, ni Pippen, ni Barkley, ni Stockton, ni Robinson, ni Mullin, ni même encore Laettner… bref ce n’est pas la Dream Team.
Nike a pris une avance énorme. Nike c’est le futur. Seul moyen de rattraper la marque de l’Oregon, miser sur le futur. C’est ce que ce résout à faire Adidas, en sponsorisant l’ABCD Camp, le principal lieu de recrutement pour les jeunes lycéens promis à une carrière professionnelle. Ils sponsorisent aussi plusieurs lycées, comme celui de Lower Merion ou joue un certain Kobe Bryant, ou Saint Vincent- Saint Mary où joue Lebron James. Ils suivent également Tracy McGrady et Kevin Garnett.
Tous ses joueurs ont en commun une chose. Leur talent est tel qu’il leur permettra de passer en NBA, sans passer par la case universitaire. Traduction pour les non basketteurs : leur talent est tel qu’il leur permettra de passer en NBA sans passer par la case Nike. Nike, en effet, sponsorise toutes les meilleures universités du pays. Cela leur laisse le temps du cursus universitaire pour charmer les meilleurs potentiels. Et les règles sont simples en NCAA : le basketball est un sport amateur. Nul contrat ne peut être passé avec un athlète. Nike se contente de faire du lobbying, notamment via les coachs qui eux sont payés royalement, et rincés par Nike.
Au niveau lycée, les règles sont les mêmes, mais les contrôles impossibles. Les 4 larrons sont bercés par les 3 bandes, et en sont surtout bardées sur toutes les couvertures de magazine sportif, ou dans toutes les vidéos sur lesquels ils figurent. Coup de génie d’adidas?
Le premier à arriver en NBA est Kevin Garnett, et patatra, il signe chez Nike. Panique chez Adidas, les 3 autres ont encore plus de potentiel, que ce soit basketballistique ou marketing.
Kobe is next, mais lui signe chez Adidas. La marque allemande ne sait pas trop ce qu’il va donner, comme tous ces lycéens. Psychologiquement la transition est dure, et le risque est grand pour l’équipementier. Les agents comprennent qu’ils ne peuvent pas avoir leurs modèles « signature » immédiatement, que le marché est en plus saturé par les stars actuelles.
Comme Lebron un peu plus tard, sa première chaussure n’est pas à son nom, mais il est le seul à la porter : Adidas EQT Elevation. Le nom ne laisse pas d’ambiguïtés sur les capacités de Kobe. Comme Jordan dix ans auparavant, il gagne le concours de dunk du All Star Game et met ses chaussures sous le feu des projecteurs.
Le design est torturé, adidas essaye d’adapter la rectitude des 3 bandes avec les courbes d’une basket moderne, censée devenir une seconde peau, notamment avec le système Feet You Wear. Feet You Wear, une semelle mimant les reliefs du pied, pour une traction et une réactivité accrues. On est loin de la Air Jordan 1, mais aussi loin de la Air Jordan 11, blockbuster de la décennie.
Le second modèle portera enfin le nom du jeune prodige : KB8. Toujours aussi torturée au niveau du design, on est loin du classique. Mais Kobe commence à marquer le basketball. Il est All Star élu par le public qui hallucine devant sa plasticité sur le terrain. Kobe vs Jordan, premier vrai duel. Jordan est MVP avec 23 pts, Kobe ne démérite pas avec 18 pts et un panier spectaculaire sur Mutombo. Les KB8 sont hyper reconnaissables avec leurs 3 bandes blanches. Les ventes décollent.
La KB8 II associe le confort de l’AdiPRENE au FEET YOU WEAR. Elle n’est pas inoubliable non plus. Le designer essaye de cacher les 3 bandes mais a du se faire rattraper par le marketing qui a affublé la paire d’une horrible logo plastique sur la cheville. Dès 1986 Nike avait pris l’option d’enlever toute référence au swoosh sur la Air Jordan 2.
La révolution dans la gamme Kobe, il faudra l’attendre un an de plus. La firme décide de s’inspirer de l‘Audi TT, comble du minimalisme raffiné à l’époque, pour épurer le style de la gamme. Avant-gardiste dans son design et sa construction, le virage est donné.
Jordan est à la retraite mais il a une marque à son nom maintenant : Jordan Brand. Toujours rattaché à Nike, la filiale à vocation à œuvrer de manière indépendante sur le marché du basket et sur d’autres. Nike avait proposé un design trop pointu avec la XV. Avec la XVI, ils reviennent avec un modèle descendant direct de la XI, et une approche plus novatrice. Techniquement Jordan Brand met tout le monde à l’amende avec son modèle phare.
adidas ne fléchit pas et reste sur sa propre ligne, avec la Kobe Two. Le problème, c’est que la chaussure se rapproche plus du concept car que de la chaussure de basket. Le pied de l’athlète est oublié sur l’autel du design. Nike de son côté s’adapte à chacun avec ses différents systèmes : air, max air, zoom et shox….
Kobe abandonnera la chaussure en fin de saison pour la version précédente avant de s’envoler vers un second titre.
Adidas tient à son poulain, mais, lui, a déjà la tête ailleurs. La marque n’a pas réussi à créer un réel engouement autour de Kobe Bryant. Pour être le meilleur, Kobe veut le meilleur. Il rompt son contrat et devient un free agent de la chaussure. Nike, Jordan, Reebok et le nouveau venu AND1, lui font les yeux doux en lui fournissant des chaussures aux couleurs des Lakers. A ce moment là, la suite est déjà écrite. Il signe chez Nike, qui n’a plus de figure de premier plan pour assurer sa promotion. Jordan Brand continue de vivre sur l’aura du maître de son côté.
Le marché de la basket est alors moribond. Les produits sont techniques, et n’ont plus rien de lifestyle, ce qui avait booster le secteur dans les 90’s. Il se dégage comme une impression que tout a été fait. Les éditions retro, en plein essor, soutiennent le marché.
2004, Nike revient à ses origines avec la Huarache 2K4. Ils laissent de côté le chausson de la gamme de 1992, mais gardent l’esprit « seconde peau ». Le poids est allégé, les renforts sont placés uniquement aux endroits incontournables, et le design est d’une simplicité exemplaire. Les joueurs l’adorent, les professionnels, comme les amateurs. Elle restera en vente 3-4 ans avant d’être rééditée. C’est une des premières paires personnalisables via le programme NikeID. Kobe a la sienne, tu peux avoir la tienne. La paire devient le premier classique du secteur depuis 1998.
Officieusement, c’est le premier pro model de Kobe chez Nike. Contractuellement, la chaussure ne peut encore porter son nom. adidas retient les droits. Business is business.
L’année suivante, Kobe débute en Huarache 2K5 avant de porter son premier pro model officiel siglé Nike : la Zoom Kobe 1. Le swoosh est mis en avant, comme sur les modèles « old school », l’empeigne mime un cuir de qualité, les œillets sont métallisés. La paire se veut exclusive, voire élitiste. Kobe met 81 pts aux Raptors. Kobe est au-dessus. Les coloris se multiplient avec quelques collaborations, notamment avec le graffeur Stash. La sauce prend.
Les Zoom Kobe 2 jouent sur le même tableau. Le designer Ken Link cède ensuite sa place à Eric Avar qui réoriente la gamme sur le surnom de Kobe : Black Mamba. Les nouvelles paires seront plus proches du pied et du sol, plus légères, plus versatiles.
Eric Avar et Kobe se rapprochent. Le joueur lui demande la chaussure la plus légère possible sans sacrifice sur le maintien et la stabilité. La gamme prend alors un tournant inédit. La chaussure de basket conçue depuis la Chuck Taylor All Star, dans le but de maintenir le plus possible la cheville, était haute. Le tandem revient sur ce fondement et propose des chaussures de plus en plus basses. Ils pensent mobilité, mais aussi proprioception; cette aptitude que présente une articulation à mieux appréhender les mouvements dans l’espace lorsqu’elle est libérée.
Cette rencontre rappelle celle de Tinker Hatfield et Michael Jordan en 1988. Les Air Jordan III, IV, V et VI ont révolutionné le secteur, tant au niveau du design, que de l’aspect technique. Au niveau publicitaire, Spike Lee porte le drapeau, sur le ton de l’humour avec Mars Blackmon.
Pour la Zoom Kobe IV, c’est Kobe, lui-même, qui mouille le maillot dans une publicité satyrique : Broken Ankle. Le but est de convaincre qu’une chaussure haute n’est pas une assurance contre les entorses. Le ton est donné.
Zoom Air, Lunar, Flywire, Fuse, Engineered Mesh, Flyknit …. Chaque technologie de pointe est incorporée aux Kobe suivantes. Les Nike Kobe définissent de nouveaux standards. Les performances sont unanimement saluées.
Le prix de base est revu à la baisse avec la Zoom Kobe IV, avant de progressivement remonter les années suivantes, étant donné le succès des ventes.
Les gens commencent à faire la queue pour certains coloris. Les prix à la revente grimpent en flèche, les prix au retail également avec la Kobe IX.
Les 8 premières Kobe sont finalement rééditées en nombre limité dans le pack Prelude, avant la sortie de la Kobe IX durant l’hiver dernier.
La Kobe X est sortie en ce début du mois de février. Kobe peut se réjouir. Après des débuts poussifs, Nike a su pérenniser la série, et ça en développant en parallèle la série Lebron sur les mêmes principes, le tout sans se faire éclipser par les légendaires Air Jordan.
À l’heure du bilan, peu de séries de pro model auront été autant appréciées. Mais voilà Kobe vient de nouveau de se blesser, et sa rééducation devrait prendre des mois. Le doute s’installe dans sa tête, comme dans celles de ces derniers soutiens. Fin de carrière en vue ? La question se pose, surtout après avoir répété plusieurs fois son intention de quitter les terrains en juin 2016. Quid de sa ligne de sneakers ? Son nom fait vendre , mais pour combien de temps encore s’il n’est pas sur les terrains ? La firme osera-t-elle pérenniser la ligne ? et si oui, comment ?
Sa future orientation professionnelle pourrait rentrer en jeu sur ce point, mais à l’heure actuelle tout ne reste que spéculation. Les ventes de la Kobe X devraient nous éclairer ces prochains mois.